Du lundi au samedi, la ligne 1 du réseau Synchro vous déposera à quelques encablures de la maison de Jean-Jacques Rousseau, ou plutôt la maison de Françoise-Louise de Warens dans laquelle le jeune Jean-Jacques fit son « magasin d’idées »… et son éducation sentimentale. Le dimanche, vous devrez monter à pied depuis Chambéry pour rejoindre cette « maison isolée au penchant d’un vallon ».
L’ascension est sèche, un replat et cela repart de plus belle, la pente est la plus dure au moment où l’on aperçoit les premières branches du verger. Le chemin de galets qui mène jusqu’à la porte finit de casser les pattes. Ce n’est pas très long, mais c’est gentiment usant, le soleil tape sur l’asphalte sans que l’on puisse s’abriter. Le « bonheur pur et plein » décrit par Rousseau se mérite.
Mais quel bonheur ! La pointe de la Galoppaz, magnifique pyramide de calcaire réservée aux randonneurs et aux vaches, surgit parmi les pommiers. Les abeilles butinent avec une vue imprenable sur les confins méridionaux du massif des Bauges : le Nivolet dont la croix surplombe lourdement Chambéry, le Peney qui s’étale tranquillement, le Grand-Jouéret couvert de pâturages et l’autre mont Saint-Michel.
Les pervenches tapissent le sol jusqu’aux murs qui enclosent le petit jardin tiré au cordeau, où les plantes médicinales se mêlent aux fleurs et aux légumes. La maison elle-même, dont la visite est gratuite, n’est finalement que la cerise sur le gâteau, même si je dois bien dire que cela fait un petit quelque chose de toucher le secrétaire de Rousseau du bout des doigts. C’est effectivement le genre de paradis dans lequel je me verrais bien écrire1.
La maison dʼen face est à vendre. Il va falloir que je joue au Loto. ↩︎